Okinawa et les Ryu-Kyu
Par Kagami, mercredi 14 février 2007 à 19:12 :: Géographie :: #38
Okinawa sera la première étape de notre Trek et je ne m’y étais pas encore vraiment intéressée… Alors partons découvrir en avant première, cet archipel de rêve au passé trouble.

Okinawa pourrait être le paradis, mais avec un arrière goût d’enfer. Des récifs de coraux, une mer d’émeraude, des plages de sable blanc, une végétation subtropicale, tout cela crée un décor de rêve. Mais une longue histoire marquée par la domination extérieure, une guerre atroce en 1945, suivie d’une interminable occupation américaine, puis l’invasion des touristes, tout cela provoque des ravages dans les cœurs comme dans le paysage.
Okinawa est la plus importante des quelques soixante îles de l’archipel des Ryu-Kyu. Yonaguni, la petite dernière, est à moins de 160 Km des côtes de Taiwan. Okinawa est plus proche de Taipei que de Kagoshima et à égale distance de Shangaï et de Nagasaki. Tournée vers l’Asie du Sud Est, aussi proche de la Chine que du Japon, Okinawa a été un carrefour de civilisations.

Après avoir été tributaire de la Chine, Ming, le royaume des Ryu-Kyu tomba sous la coupe des seigneurs de Satsuma, qui l’utilisèrent pour s’enrichir en défiant la politique de fermeture des shoguns. Puis, sous Meij, il devint préfecture d’Okinawa. Durant la seconde guerre mondiale, Okinawa fut le seul champ de bataille situé sur le sol japonais. Des combats d’une rare violence eurent lieu pendant trois mois au printemps 1945.
Près d’un habitant sur trois fut tué. Ensuite les américains occupèrent l’île jusqu’en 1972, puis ils y sont restés. Plus de trente milles soldats sont dispersés dans une quarantaine de bases. Difficile de créer des zones industrielles ou d’agrandir les plantations d’ananas et de canne a sucre, quand les bases américaines se sont installées sur les principaux terrains, sur les terres vallonnées du Centre, dans la plaine du Sud et même dans la jungle du nord.

Les Ryu-Kyu sont un univers à part, où la langue, les coutumes, les fêtes se distinguent de celles des autres régions du Japon. Le Royaume de Ryu-Kyu a pendant longtemps été quasi-indépendant.
D’une indépendance opportuniste où le roi reconnaissait à la fois les Chinois et les Japonais, ce qui permettait de faire du commerce sans trop de soucis (il fallait des sortes de visas pour commercer avec la Chine, ce que donnait la reconnaissance formelle de la vassalité du royaume, renouvelée par une simple visite d'une délégation chinoise – apportant les sceaux – à chaque changement de roi à Okinawa).

Il semble que durant le XIXe siècle l'emprise du Japon augmenta aux dépends de la Chine.
L’artisanat y reste très présent avec les teintures bingata multicolores, les vêtements en tissu bashofu, fait de fibres de bananiers, les céramiques aux riches couleurs et l’awamori, le redoutable alcool de riz local.
D’étranges cérémonies, parfois interdites aux étrangers, se déroulent encore à la nuit tombée, dans des îles perdues en plein océan.

A Ishigaki, notamment, un géant mi-dieu mi-diable, couvert de longues herbes vertes, au double visage caché derrière un masque rouge et noir, descend des montagnes, une nuit de juillet, pour aller visiter chaque maison. Dans ces îles, les femmes sont reines, ou plutôt prêtresses.
Et, dans les forets de l’île de Irimote, roderait encore Irimote-Yamaneko, le seul chat sauvage de cette espèce existant dans le monde et aperçu pour la première fois en 1965. Les Ryu-Kyu ne sont pas seulement au bout du Japon, ce sont également les îles du bout du monde.
Sayonara !
Commentaires
1. Le jeudi 15 février 2007 à 10:34, par miss Trop
2. Le jeudi 15 février 2007 à 10:59, par Yuio
3. Le lundi 19 février 2007 à 22:29, par Kagami