Bain d'une femme japonaise

En effet, à cette époque les femmes, comme les hommes d’ailleurs, avaient l’habitude de se maquiller. Celles qui faisaient partie de l’aristocratie prenaient soin d’éviter le soleil, pour ne pas faner leur teint, mais aussi la pluie et le vent. Les femmes vivaient dans une semi-obscurité, ce qui leur permettait d’avoir un teint très pâle, ce qui était un des principaux traits de la beauté de la femme japonaise.

Mais ce teint pâle n’était pas toujours naturel : la plupart du temps, la blancheur de la peau s’obtenait artificiellement en utilisant des Nukabukuro, petits sacs de coton contenant du son de riz que l’on humectait d’une eau parfumée avant de se le passer sur le visage dans la journée ou sur tout le corps durant le bain. Les femmes utilisaient aussi un liquide tiré des graines de jalap, une sorte de liseron, et de la césure venue de Chine.

L’emploi de cette mixture, bien que très appréciée, devait provoquer de nombreux empoisonnement mortel (la céruse était une substance très toxique). Mais les femmes qui auraient fait n’importe quoi pour avoir le teint le plus pâle ne cessèrent pas de l’utiliser… Comme quoi, quels que soient l’époque et le continent, la recherche de la beauté n’a parfois pas de limite.

Une Geisha

Les femmes avaient également pour habitude de se dessiner un point rouge sur la lèvre inférieure, dans le but de faire paraître la bouche plus petite. On l’appliquait avec le bout du majeur. La pâte rouge était conservée dans des coquilles ou des petites boîtes en porcelaine. Moins concentrée et cette fois appliquée au pinceau, on l’utilisait aussi pour rosir les pommettes.

Dès l’âge de la puberté, les jeunes filles devaient se raser ou s’épiler les sourcils. Soit complètement, soit de manière à ne laisser que l’épaisseur suffisante pour former un arc très fin. À la place des sourcils rasés, il était normal de mettre deux taches noires, placées assez haut sur le front appelées Motomayu. La peinture noire utilisée à cet effet était composée de suie et de colle.

Chez les nobles, où la polygamie était de règle, seule la première épouse avait le droit d’utiliser cette peinture. Les femmes possédaient des boîtes à maquillage contenant, outre un miroir, des peignes de bambou et d’écailles, des pinces à épiler de formes diverses, des coquilles remplies de pâte rouge à lèvres, divers pinceaux de poils et de plumes et des brosses pour appliquer les fards ainsi que des feuilles de papier très fin pour se démaquiller.

Femme au temps des samouraïs

À quelques détails près, la même chose que ce que contient la trousse d’une petite frenchie du 21e siècle, non ? Les Japonaises avaient aussi pour coutume de se noircir les dents. Le noircissement était obtenu avec une préparation à base de « jus de fer » : l'acétate de fer. Le plus grand orgueil des femmes était leur chevelure. Plus celle-ci était longue, brillante et soignée, plus leur beauté y gagnait.

Aussi dans beaucoup de cas, les femmes nobles que la nature avait défavorisées sur ce point, utilisaient des postiches. La chevelure était généralement séparée en deux parties : l’une, coupée nette, retombait sur la poitrine, l’autre pendait librement, très longue dans le dos.

Voilà de manières assez succinctes, les règles esthétiques du temps des samouraïs, qui pour certaines, sont universelles : les cheveux longs, les sourcils fins… et d’autres qui sont assez particulières et qui font la richesse et le mystère de la culture nipponne !

Sayônara !

Source : "La vie quotidienne au temps des samouraï, 1185-1603", de Louis FRÉDÉRIC