Un onsen

En été, les gens du peuple avaient coutume de se baigner souvent, dans les rivières ou les lacs ou encore dans la mer, mais les nobles, qui n’aimaient pas s’exposer aux regards, ne se plongeaient dans l’eau froide que lorsqu’ils s’y sentaient obligés afin de se purifier rituellement. Il y avait alors deux manières de prendre des bains.

Dans la cour des temples ou dans celle des maisons riches, un bâtiment était spécialement réservé aux bains. Il se composait de deux petites pièces et se trouvait situé non loin d’un puit d’où l’on tirait l’eau avec une corde. Dans l’une des pièces se trouvait un foyer de terre sur lequel était posée en permanence une énorme marmite de fer blanc pleine d’eau. La vapeur produite était amenée par un tuyau de bambou dans la pièce voisine où se tenaient les baigneurs.

Cette même pièce, appelée Yuya, servait aussi à prendre des bains chauds, dans une grande cuve de bois que l’on remplissait d’eau chaude. Une autre manière de prendre un bain avait cours dans certaines provinces. Sur le sol était fixée une grande cuve de pierre entourée d’un petit toit pour la protéger lorsqu’on ne l’utilisait pas. On plaçait tout d’abord des branches sèches dans la cuve et l’on y mettait le feu.

Bain japonais

Lorsque les parois de la cuve étaient devenues suffisamment chaudes, on ôtait les cendres avec des pelles et on versait de l’eau dedans : au contact des parois, elle se mettait à bouillir. Chacun entrait alors tour à tour dans cette baignoire jusqu'à ce que l’eau soit refroidie. Les bains d’eau chaude étaient considérés comme un luxe… La plupart du temps les nobles ne prenaient que des bains de vapeur et se séchaient avec des feuilles de papier.

Le bain chaud était considéré surtout comme une cure, salutaire contre de nombreuses maladies, notamment la grippe. Les très nombreuses sources thermales existant au Japon furent fréquentées dès la plus haute antiquité. Elles étaient considérées comme des sanctuaires habités par des divinités…

Parmi les accessoires de toilette, le mouchoir de papier pour se moucher n’était connu que des nobles : dans le peuple, on se mouchait tout simplement par terre, en bouchant avec les doigts une narine puis l’autre. Le savon, qui ne fut importé d’Europe qu’au 16e siècle, était inconnu, on le remplaçait par des cendres fines. Les dames élégantes se passaient le corps à la pierre ponce, afin de rendre la peau plus douce et plus fine.

Pierre ponce

Quant aux besoins essentiels, ils se faisaient n’importe où, au coin des rues ou dans la nature. Pour ce faire, les gens chaussaient des Takaashida, sortes de socques de bois très hautes, afin d’éviter que leurs vêtements ne traînent sur le sol. Ils se nettoyaient soit avec des petits carrés de papier, soit avec des bâtonnets de bois qu’ils abandonnaient sur place… (les bouts de papier, je veux bien, les bâtonnets j’ai un peu plus de mal à saisir le fonctionnement !).

Cependant chez les nobles, il existait des petites cabanes à l’extérieur de maison vouée à cet usage. Les mains étaient réputées impures, souvent avec raison. Il convenait de ne pas prendre ni porter avec des mains nues les objets destinés à l’usage d’un supérieur. La plupart du temps, on les transportait sur les manches et on les présentait de la même manière.

Les heures des repas étaient assez fantaisistes, de même que celles du couché et du levé… Surtout chez les nobles, qui se levant très tôt, dormaient souvent pendant l’après-midi. Les gens du peuple dormaient dans la même pièce et en hiver autour du foyer. Dans les maisons riches, on disposait des matelas de paille pressés sur lesquels on s’étendait avec pour seul oreiller un bloc de bois.

Toilettes japonaises

L’été, des voiles remplaçaient les cloisons afin d’empêcher les insectes de venir troubler le sommeil. Mari et femme dans le peuple, partageaient la même couche et la même couverture. Il n’existait pratiquement pas d’intimité la nuit dans les maisons et chacun pouvait à tout moment être dérangé. Les nobles ayant pour habitude de conduire leur affaire amoureuse tard dans la nuit et devant, suivant l’usage établi, partir avant l’aube, dormaient surtout le matin. Contrairement aux gens du peuple qui se levaient et se couchaient avec le soleil...

Aujourd’hui, les Japonais ont fait de leur pays une contrée très propre. Le tri sélectif des ordures est rigoureusement respecté. Une armée d’agents de nettoyage sillonne les trottoirs des grandes villes en permanence. Et des toilettes gratuites et très propres jalonnent le parcours du Nippon urbain. Petit bémol : il parait qu’il y a très peu de poubelles dans la rue… Il faut donc y penser lorsqu’on prend un sandwich à emporter, car le papier risque de nous rester longtemps dans les mains !

Ah oui, à part dans les campagnes reculées, les Japonais ne crachent plus par terre, ouf !

Sayônara !

Source : "La vie quotidienne au temps des samouraï, 1185-1603", de Louis FRÉDÉRIC